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99ème anniversaire de l’Armistice de 1918

Publié le 13 novembre 2017

Pour le 99e anniversaire de l’armistice du 11 novembre, jour de commémoration de la victoire et de la paix et d’hommage à tous les « morts pour la France », un dépôt de Croix de Lorraine a eu lieu devant le buste du Général de Gaulle, place de l’hôtel de Ville, puis la cérémonie s’est poursuivie aux cimetières du Perreux et de Nogent en présence de Jacques J.P. Martin (Maire de Nogent, Président de ParisEstMarneBois), Gilles Carrez (Député de la circonscription), Christel Royer (Maire du Perreux) et du sous-préfet Michel Mosimann.

Le cortège a ensuite assisté à une messe inter-religieuse donnée à l’église St-Saturnin, avant de se rendre sur l’esplanade de la légion d’honneur. La jeune génération était représentée par le Conseil des jeunes nogentais, les petits chanteurs de Nogent et les élèves de l’école Val de Beauté.

Ce 11 novembre 2017, une plaque en mémoire du lieutenant Jean-Pierre Fleutiaux, a été dévoilée à la salle polyvalente du Port, qui portera désormais le nom de salle lieutenant Fleutiaux. Ce jeune nogentais de 25 ans s’est distingué lors des combats dans le 61e régiment d’artillerie. Blessé en 1916, il meurt au combat le 28 juillet 1917 à Verdun. Cette plaque commémorative est un hommage rendu à tous les Poilus de 14-18.


Allocution  de Monsieur Jacques J.P. MARTIN, Maire de Nogent-sur-Marne, Président du territoire ParisEstMarneBois

A l’occasion du 99ème anniversaire de l’Armistice de 1918 – Samedi 11 novembre 2017

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Nous sommes engagés à Nogent-sur-Marne ainsi que de nombreuses villes dans les commémorations de la mission du centenaire de la Grande Guerre. Je tiens, ici, à remercier M. le Sous-Préfet pour le pilotage objectif, éclairé et efficace, qu’il assure au sein de cette mission au service du devoir de Mémoire.

Notre engagement est motivé par notre volonté de combattre l’oubli tant le souci de ce passé commun occupe une place importante dans le monde et particulièrement dans la société française.
Chers amis, le devoir de mémoire est une expression qui prend tout son sens si, par là même, nous désignons l’obligation morale de se souvenir ensemble de l’évènement planétaire que fut la guerre de 1914-1918. Evènement historique au plan européen et mondial, évènement tragique avec sa cohorte de victimes civiles et militaires.
L’acte de commémoration s’inscrit dans un contexte de pratiques collectives qui rend possible la transmission de la mémoire aux générations successives. Les hommes et les femmes de notre pays mais aussi tous les peuples seront toujours confrontés, face à la fragilité de la mémoire historique, à l’obligation de souvenir, au droit à l’oubli.
Pour moi, c’est bien le mélange des deux qui donne tout son sens à une mémoire apaisée en développant un rapport particulier au passé d’une nation, qui assume pleinement son histoire.
Nous devons prendre conscience que commémorer un conflit de quatre ans et demi comme celui de la Grande Guerre ne doit pas nous faire oublier les crimes, les guerres et les conflits d’aujourd’hui.
Ils réclament, eux aussi, de notre part un véritable engagement de mémoire vivante. Notre volonté de combattre l’oubli serait illusoire et insuffisante au regard d’un devoir de mémoire historique si les drames provoqués par les terrorismes et les trop nombreuses victimes innocentes qu’ils génèrent ne relevaient pas aussi de l’obligation morale d’un souvenir collectif.

La France fut il y a 99 ans le centre d’un conflit qui dépassait toutes les prévisions des stratèges français et allemands. L’armistice de 1918 n’a pas garanti une paix durable mais a entrainé un nouvel ordre mondial par seize traités de paix en cinq ans pour quatre années de guerre.

Depuis le traité de paix de Brest-Litovsk en mars 1918 signé par la République bolchévique et les empires centraux jusqu’au traité de Lausanne en juillet 1923 qui règle la fin de l’Empire ottoman et quatorze autres dont celui de Versailles en juin 1919. Les frontières de l’Europe se retrouvent, à la suite de longues négociations et l’éclatement des empires, largement modifiées.
Quelques chiffres nous feront prendre la mesure des conséquences d’une telle catastrophe.
• La moitié des jeunes français de vingt ans en 1914 ont disparu à l’issu du conflit, entraînant un grand traumatisme pour la société française.
• 300 000 « gueules cassées » en Europe. Ces blessés de la face et les mutilés seront malgré eux les symboles d’une guerre destructrice.
• 3 millions d’hectares en France ont été déclarés impropres à l’agriculture en raison de la présence dans le sol d’obus mais aussi de cadavres humains ou d’animaux.
• 9,5 millions de morts ou disparus dont 1,4 millions de Français, 2 millions d’Allemands, 1,8 millions de Russes. C’est la France qui fut le pays le plus touché proportionnellement avec un soldat sur cinq tués.
• 73,3 millions d’hommes mobilisés :
• 48,2 millions par les puissances alliées dont 7,9 millions de Français, 8,9 millions de Britanniques et 18 millions de Russes
• 25,6 millions pour les puissances centrales dont 13,2 millions d’Allemands et 9 millions Austro-Hongrois.

Pour arrêter cette liste, il faut rappeler que le traité de Versailles ayant désigné l’Allemagne responsable de tous les dommages subis par les alliés, cette dernière devait verser des réparations d’un montant de 132 milliards de marks or. Il fut revu à la baisse jusqu’à ce qu’Hitler en 1933 cesse tout versement hystérisant en Allemagne l’esprit de revanche. La France n’a reçu que 8 milliards de marks or sur les 69 milliards prévus ! C’est seulement en septembre 2010 que l’Allemagne a clôt définitivement le dossier en payant les derniers intérêts sur les emprunts contractés par la République de Weimar.

En entrant dans le centenaire de la grande guerre mondiale, Nogent prend toute sa part dans une volonté partagée de se souvenir, toutes générations rassemblées.
Nous avons en permanence à l’esprit le devenir des témoins de cette époque, témoins malheureusement disparus comme Lazare Ponticelli le dernier des poilus disparu en 2008.
Les combattants, nos poilus, soutenus par leur famille et leurs proches, mais aussi les femmes qui les ont remplacés dans les usines d’armement, dans les champs, et dans la plupart des services publics, ont démontré, par leur courage et leur engagement ce qu’il est possible de faire lorsqu’une Nation est rassemblée.
C’est une certaine fierté qui ressort du bilan de ces années de commémoration. Je dois remercier les Nogentais ainsi que les habitants de nos deux villes voisines pour leur implication avec une mention particulière pour les associations, leurs bénévoles et leurs anciens combattants.
Je tiens aussi à remercier une nouvelle fois les acteurs culturels, associatifs, les services municipaux, les libraires et les commerçants, qui, par leur mobilisation en 2014 ont pu donner toute son ampleur, sa noblesse à un projet mémorial aussi ambitieux. Ils resteront mobilisés pour l’année centenaire 2018.
La cérémonie du 11 novembre 2017 à laquelle vous participez aujourd’hui, apporte, elle aussi, sa part de symbolique et de reconnaissance à celles et ceux qui, par leur sacrifice, ont permis une victoire actée le 11 novembre 1918 à 5h15 à Rethondes, en forêt de Compiègne, par la signature de l’armistice mettant fin aux combats de la Première Guerre Mondiale.

Notre ville a vu transiter par nos hôpitaux auxiliaires du jardin colonial et de la maison des sœurs Smith plusieurs milliers de combattants blessés au front venus de tous les continents. Ceux qui n’ont pas survécu à leurs blessures reposent depuis dans plusieurs carrés militaires de notre cimetière. Nous honorons tous les ans, leur mémoire comme cette année le 2 novembre 2017.

En tant qu’héritiers de cette histoire, nous sommes comptables de ce qui nous a été légué.
Il est de notre responsabilité de transmettre de génération en génération la connaissance d’évènements et de souvenirs toujours aussi vivaces pour nourrir et structurer par ces repères notre propre histoire.
Au risque de me répéter, le pire, chers amis, serait l’oubli, faute et insulte suprêmes vis-à-vis de celles et ceux qui ont perdu leur vie ou versé leur sang pour transmettre à leurs enfants une paix durable.
Je tiens à féliciter mon adjoint Sébastien Eychenne accompagné du service communication qui préparent minutieusement avec l’aide de nos amis anciens combattants et des légionnaires du Fort de Nogent toutes les cérémonies auxquelles vous participez nombreux.
Un merci spécial aussi à l’équipage de l’Antarès qui est venu partager avec nous ce moment de fraternité.

Il aura fallu attendre, après les guerres de 1870, de 1914-1918, de 1939-1945 pour que leur sacrifice débouche enfin sur la victoire de la paix. Cette deuxième guerre européenne, puis mondiale, résultait d’un nationalisme exclusif, un régime politique autoritaire et militariste ainsi qu’une nouvelle volonté annexionniste.

En effet, la Grande Guerre n’aura malheureusement pas permis d’empêcher celle de la revanche, la seconde guerre mondiale, issue de l’arrivée du nazisme, nazisme coupable devant l’éternité de l’ignominie qu’est la Shoah.
Mais au-delà de la mission du centenaire, je dois reconnaître avec vous, que nous vivons une période où notre pays s’interroge sur ce qu’il est devenu et sur le chemin qu’il doit choisir pour son avenir.
Le premier enseignement de la Grande Guerre est que (je ne suis pas le seul à le penser) la force d’une nation n’est possible que lorsqu’elle est rassemblée autour de la notion de Patrie, la défense des valeurs de la République et du regard que nous portons ensemble sur notre passé.

« La Grande Guerre a encore beaucoup à apprendre à la France d’aujourd’hui ».

Les initiatives prises dans les écoles et la présence à nos côtés des jeunes de l’école Val de Beauté le démontre. Nous sommes nombreux à avoir cette analyse, encore faudrait-il arrêter de cliver notre communauté nationale.
A l’opposé, réformer ce qui ne va pas et créer les conditions d’un réel climat de confiance entre les Français pour permettre à la France de se rassembler face aux nombreux défis socio-économiques qu’elle a à relever, voilà ce que nous attendons.
Nous devons être présents dans ce combat permanent destiné à préserver et valoriser nos démocraties, surtout dans les moments difficiles que le monde et certaines régions traversent. Le moment n’est pas venu de baisser nos capacités à agir et d’arrêter de dégrader celles de notre armée. Le budget de la défense, comme d’ailleurs celui de l’éducation, ne doivent pas être considérés comme variables d’ajustement. La sécurité et l’éducation sont deux domaines qui conditionnent l’avenir de la paix et de nos libertés conquises par nos aînés.
En effet, nous devons être plus que jamais intransigeants face aux haines et aux racismes de toutes sortes qui déstabilisent nos démocraties leur vivre-ensemble et répandent la terreur sur les plus faibles et les plus démunis.
Souvenons-nous aussi de celles et ceux qui ont perdu la vie en combattant hors de nos frontières pour une noble cause, ainsi que des martyrs lâchement assassinés parce qu’ils incarnaient des valeurs différentes.

L’Europe d’après la chute du mur de Berlin en 1989 ne sera pérenne que si elle donne à chacun ses chances. « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes » disait Jean Monnet.
Nous l’avons compris, mes chers amis, l’Europe n’est pas une fin en soi, mais un moyen de mieux vivre ensemble en rayonnant sur le monde par nos valeurs.

En effet, notre exemple sur notre vieux continent a un rayonnement universel. Les valeurs qui sont celles de l’Union : la justice, le droit, la solidarité doivent garantir la paix et faciliter le rapprochement entre les peuples et le dialogue entre les civilisations. Les hommes et les femmes de 14-18, que nous honorons aujourd’hui, nous crient que nous n’avons pas le choix !

Paraphrasant le Président irlandais, je dirais qu’en une génération :
• Là où régnait la guerre, nous avons instauré la paix,
• Là où régnait la haine, nous avons instauré le respect,
• Là où régnait la division, nous avons instauré l’Union,
• Là où régnait la dictature et l’oppression, nous avons instauré des démocraties dynamiques et vivaces,
• Mais aussi et surtout, là où règne la pauvreté, nous devons instaurer les solidarités, la prospérité, la liberté et la paix. C’est cela le nouveau défi de notre Union.

Je ne peux m’empêcher, pour terminer, d’avoir avec vous une pensée pour le Général de Gaulle, capitaine sur le font en 1914 dont nous avons honoré la mémoire, hier, jour du 47ème anniversaire de sa mort, devant son buste. Il avait rappelé que le seul combat qui vaille est le combat pour l’Homme.
Réaffirmons en ce 11 novembre notre détermination à défendre l’Homme et nos valeurs. C’est le plus grand hommage que nous pourrons rendre à nos anciens de 14-18.

Je souhaite déclarer ma satisfaction de constater que le Président de la République a rencontré, il y a quelques jours dans les Vosges, le Président de l’Allemagne pour inaugurer un site franco-allemand destiné à mettre en valeur la volonté de nos deux peuples de vivre ensemble. Nous sommes dans la continuité des choix de nos anciens chefs d’Etat qui suivent les engagements pris par De Gaulle et Adenauer.
De plus le Président de la République a rendu, aujourd’hui, un hommage solennel à Georges Clemenceau justifié du fait qu’après Verdun et le chemin des Dames, il fallait redonner un espoir aux troupes et aux Français pour prendre définitivement l’avantage dans ce conflit devenu mondial : le 17 novembre 1917, Georges Clemenceau devenait Président du Conseil… Il a mérité le nom de « Père la Victoire » que lui donneront les Françaises et les Français.
Je citerai pour conclure la déclaration commune de François Mitterrand et d’Helmut Kohl à Verdun en septembre 1984 : « La guerre a laissé à nos peuples ruines, peines et deuils. La France et l’Allemagne ont tiré les leçons de l’Histoire. L’Europe est notre foyer de civilisations communes et nous sommes les héritiers d’une grande tradition européenne. »

Jacques J.P. Martin
Maire de Nogent-sur-Marne
Président de ParisEstMarneBois