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Commémoration de l’Armistice du 11 novembre à Nogent > Un hommage aux victimes et aux combattants

Publié le 14 novembre 2025

Ce mardi 11 novembre, Nogent a célébré l’anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale. Comme chaque année, la Ville a rendu hommage à toutes les victimes « mortes pour la France », y compris les combattants de toutes origines et confessions, qui ont choisi la liberté et le camp de la France lors des conflits.

UNE CÉRÉMONIE SOLENNELLE ET RASSEMBLEUSE
La cérémonie a rassemblé le maire de Nogent-sur-Marne, le ministre délégué chargé de la Transition écologique Mathieu Lefèvre, le sous-préfet Sébastien Humbert, de nombreux élus et personnalités, ainsi que les anciens combattants et des représentants de la Marine nationale et de la Légion étrangère. Stefan Rosemann, maire de Siegburg, ville jumelle de Nogent, et sa délégation étaient également présents, soulignant leur volonté de rendre vivante notre mémoire.

UN CORTÈGE EN HOMMAGE
Le cortège s’est rendu successivement aux cimetières du Perreux et de Nogent, sur l’esplanade de l’Hôtel de Ville, à l’église Saint-Saturnin et devant la stèle du général de Gaulle, où des gerbes ont été déposées.

UN DEVOIR DE MÉMOIRE INTERGÉNÉRATIONNEL
Les élèves des classes Défense du Collège Wateau, encadrés par M. Bonin Bree, ont porté les drapeaux et lu un texte en français et en anglais, rappelant aux jeunes l’importance de se souvenir et tirer leçon du passé pour construire un avenir de paix et durable.

Discours prononcés lors de la commémoration

Retrouvez les discours dans leur intégralité en cliquant sur chaque section :

Discours maire de Nogent

ALLOCUTION de Monsieur Jacques J.P. MARTIN
Maire de Nogent-sur-Marne
1er Vice-Président du territoire Paris Est Marne&Bois
A l’occasion du 107ème anniversaire de l’Armistice de 1918

Mardi 11 NOVEMBRE 2025
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Sous-Préfet,
Madame le Député,
Monsieur le Conseiller régional,
Madame la Vice-Présidente du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus, les nogentaises et les nogentais, les représentants des corps constitués, merci de votre fidélité qui nous honore.
Mesdames et Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants et leurs porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs, représentants du monde associatif.
Oui, je tiens à vous remercier spécialement pour votre fidélité et votre présence. Ce rendez-vous annuel, est destiné à communier ensemble pour honorer nos glorieux disparus, morts pour la France, pour leur patrie y compris les OPEX et celles et ceux d’entre vous qui sont concernés par la seconde guerre mondiale.
Un grand merci également à toutes celles et ceux qui, quelle que soit leur histoire, leurs fonctions répondent toujours présents pour participer et partager nos rendez-vous mémoriels : je pense notamment aux élèves de la classe défense du Collège Watteau et à leur professeur, M. Bonin Bree.

Enfin, je vais terminer cette introduction par remercier et saluer en notre nom à tous Stefan Rosemann, Bourgmestre de Siegburg. Nous tenons à le féliciter, pour sa récente et brillante réélection. Nos relations d’amitiés durent depuis plus de 60 ans avec sa ville : Siegburg.
J’en profite pour remercier toutes nos villes jumelées d’être présentes à nos côtés ou par la pensée comme notamment le Président de Boleslawiec, Piotr Roman.
Tous ensemble, nous démontrons que nos relations, nos échanges nous permettent d’unir nos villes pour unir les hommes.
Nos liens d’amitiés sont historiques, ils sont et resteront les garants de la liberté et de la paix en Europe.
Mesdames et Messieurs,

Cher(e)s ami(e)s,
Vous le savez, nous nous rassemblons aujourd’hui pour commémorer selon notre tradition l’Armistice du 11 novembre 1918, une date qui marque la fin de l’une des périodes les plus violente et tragique de notre Histoire commune, que fut la Première Guerre mondiale, véritable guerre civile entre européens.

Il y a 107 ans, le canon s’est enfin tu, et avec lui, la souffrance et les atrocités d’un conflit qui a mis fin à des millions de vies civiles et militaires, bouleversant la majorité des familles des pays engagés, et laissé tant de blessures physiques et dans nos coeurs dans une histoire partagée entre nos nations européennes, en France, en Allemagne, en Pologne, en Italie…et dans d’autres pays. Constatons que cette paix tant attendue fut longue à arriver…tant les notions d’engagements étaient nombreuses et différentes au plan stratégique.
Le 29 septembre 1918, même la Bulgarie implorait la paix, alors que les Anglais, voulaient une paix séparée, avec ce pays… Clémenceau s’y opposa : « On ne doit rien distraire de la paix générale ».
Le 4 octobre, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Turquie demandaient à leur tour la fin des hostilités, car cette guerre qui s’était transformée en véritable carnage. Le 8 novembre 2018 les plénipotentiaires allemands franchissaient les avants postes français. Le 9, le Kaiser abdiquait. Le 10, le monde impatient attendait ! Le 11 novembre à cinq heures du matin l’armistice était enfin signé. Une conférence de paix s’ouvrait le 18 janvier et, le 28 juin 1919, le Traité de Paix fut enfin signé à Versailles.
Ils étaient jeunes souvent, très jeunes ces combattants, qui ont lutté avec courage et détermination dans des conditions atroces, aux limites de la résistance d’un être humain. Ils venaient de toute la France, de toutes les nations

libres, de Grande Bretagne et des États-Unis d’Amérique notamment et même par-delà les mers, ils étaient nombreux ceux qui étaient mobilisés dans les territoires en outre-mer. Tous partageaient un même engagement : défendre la patrie, imposer le retour de territoires français au sein de la République et protéger leur liberté, notre liberté, par une paix espérée durable, si difficile à retrouver.
Depuis la disparition de Lazare Ponticelli, Nogentais de coeur et dernier Poilu de la guerre 14-18, le 11 novembre est devenu à Nogent pour nous toutes et tous, un marqueur historique incontournable : le jour national du souvenir, celui de la reconnaissance mais aussi de la piété envers les morts de tous les conflits et d’abord ceux de cette Guerre aux conséquences dramatiques dans chacune des familles du pays cette guerre qui n’avait de « Grande » que le nom.
Au-delà du souvenir et de notre devoir de mémoire, ce jour est devenu pour nous un jour d’Union Nationale, et plus précisément le jour de l’affirmation de notre attachement à la paix avec nos voisins, outre Rhin, décidés à faire vivre un armistice que l’on croyait porteur d’avenir et de relations apaisées avec nos voisins allemands.

Tout cela nous est rappelé quotidiennement par la sculpture qui incarne, en coeur de Ville, au-delà de Lazar Ponticelli, (oeuvre réalisée par Nadine Enakieff) la souffrance et l’espoir de tout un peuple…
Le 11 novembre est ainsi devenu l’occasion pour nous de réfléchir sur l’engagement de chacune et de chacun à bâtir une société qui n’oublie jamais, par reconnaissance vis-à-vis de ceux qui nous ont offert la paix, en perdant la vie. E En prime ils nous ont transmis la volonté de pouvoir avancer, dans le rapprochement et le respect partagé des autres peuples de ce continent.
Cependant, il et plus facile de faire la guerre que la paix ! Au-delà de l’évocation de notre passé, cette cérémonie est l’occasion de nous interroger sur notre présent et, surtout, sur l’état de notre société, notamment en Europe et dans monde en ce XXIème siècle. Alors que nous nous réunissons ici dans la paix retrouvée, d’autres peuples sont encore pris dans les horreurs et la tourmente des guerres régionales. Je pense bien évidemment au Proche-Orient, où des vies innocentes sont chaque jour balayées par la violence, la haine et l’aveuglement, où les familles et les civils sont pris en otages et vivent quotidiennement dans la peur et la souffrance et la persécution. Les accords et les avancées récents restent plus que fragiles…le chemin d’une paix durable sera long et semé d’embûches ! Le retour progressif, des otages depuis Gaza en démontre le calvaire

Ce conflit qui touche la vie des populations, nous touche au coeur d’autant qu’il est toujours présent. Ses conséquences qui détruisent des vies, déstabilisent et fragilisent notre sécurité et nos sociétés. Nous vivons dans un monde violent, bien loin de la déclaration des droits de l’Homme.
Nous constatons chaque jour que la souffrance suite à la violence des actes terroristes et barbares s’est développée. Oui, nous n’avons pas su pérenniser réellement profiter de la paix et de la liberté retrouvées dans les années qui ont suivies la première puis la seconde guerre mondiale. Nous avons vécu dans le déni ou dans l’inconscience ces dernières années en appelant faits divers ou conflits régionaux des drames qui relèvent toutes du refus de l’autre. Au plan de l’éducation notamment. En remettant en perspective les conflits du XXème siècle cela aurait dû nous permettre déjà dans notre pays de dialoguer et de mieux réfléchir aux conditions d’une paix durable aujourd’hui. Il y a 80 ans nous avons découvert les camps nazis, la déportation entrainant pour les générations suivantes l’implacable connaissance de l’horreur et de la singularité absolue de la Shoah et, face à elle, des actes condamnables qui relèvent de la violence et de la barbarie.
Sans réaction forte des pouvoirs publics, sans plan d’action massif associant éducation, formation, prévention et sanctions exemplaires, notre société sera

gangrénée progressivement par le cauchemar et le développement d’un terrorisme et d’un antisémitisme aveugles.
Prendre conscience ou accepter un acte raciste ou antisémite, c’est ouvrir une boîte qu’il n’est plus possible de refermer. Banaliser une façon de penser contraire à nos valeurs, c’est préparer les pires crimes et atrocités. Rien n’est plus destructeur que la violence sociale et politique voire culturelle et cultuelle. La société ne doit pas fermer les yeux par indifférence, fausse complaisance ou lassitude, un processus mortifère facilitant ainsi les dérives et les actes odieux qui conduirait un jour à une guerre civile…ce que les sacrifices de nos pères n’avaient pas imaginé dans les tranchées d’Argonne et de Verdun.
Bien au contraire, chers amis vous le savez, il est nécessaire de ne rien lâcher pour défendre le vivre ensemble dans nos démocraties ébranlées, fissurées.
Je souhaite insister : L’espoir n’est pas impossible. Le pire n’est jamais certain si la volonté et la détermination président par courage à nos décisions.
Je pense bien sûr également à l’Ukraine, où un peuple lutte depuis plusieurs années pour préserver sa souveraineté, sa liberté et ses droits fondamentaux.
Tous ces conflits sont à la fois lointains et si proches de notre quotidien. Ils nous rappellent que la paix n’est jamais acquise et que la solidarité internationale, la défense des valeurs de liberté et de dignité humaine, sont des combats

permanents qui n’ont rien perdu de leur actualité, 107 ans après la fin de la première guerre mondiale, à laquelle a succédée la seconde, qui entraina notre planète dans l’irréparable de la Shoah.
Avec le recul, le 11 novembre est bien le jour où nous prenons la mesure de l’importance des valeurs de notre civilisation judéo-chrétienne, mais aussi des fragilités du monde, de ses tensions qui, hélas, sont toujours bien présentes, tolérées par calcul ou par manque de courage, revenant en boucle pour nous interpeler. Ne restons pas sourds aux alertes.
N’oublions jamais que nous n’avons pas le choix mais l’impérieuse obligation de la nécessité de sortir de la spirale de la haine ! Ce n’est pas en répondant à la violence par la violence portée par esprit de revanche que nous pourrons retrouver un jour la paix.
La Première Guerre mondiale n’était-elle pas une conséquence de la défaite de 1870 ? Qui elle-même était nourrie d’un esprit de vengeance suite aux campagnes de Louis XIV en Europe ? Le 11 novembre 1918 n’a-t-il pas débouché sur une humiliation inévitable et sur la paupérisation du peuple allemand. Ils ont été les terreaux du nazisme et de ses ramifications qui embrasera ensuite le monde entier ?

Ce que nous enseigne l’Histoire, c’est que tous les conflits se nourrissent les uns les autres en dévorant irrémédiablement les hommes, aveuglés par la loi du talion et les extrémismes anarchistes et religieux.
Nous devons donc impérativement militer pour arrêter la folie des tyrans. Si un combat doit être mené c’est bien celui qui sera au service de la paix, de la liberté, de la fraternité et de la libre détermination des peuples souverains. En un mot : le combat pour l’Homme.
La présence aujourd’hui de nos amis allemands ici à Nogent confirme et s’inscrit dans notre volonté commune de travailler au rapprochement entre les habitants de nos villes qui ont été meurtris et martyrisés durant plusieurs siècles. Cela fait maintenant 7 ans que la ville de Siegburg vient à nos côtés chaque 11 novembre. Nous faisons la même démarche mémorial devant le mur des martyrs du nazisme fin août à Siegburg. Qui aurait pu imaginer pareil chose il y’a un siècle ? La paix, la concorde, la fraternité entre nos peuples, c’est possible ! Nous y travaillons ensemble sans relâche, Cher Stefan. Je tiens à te remercier une nouvelle fois pour ton courage. Nous partageons les mêmes valeurs.

Par leur présence, nos amis Allemands, souvent accompagnés de nos amis Polonais de Bolesławiec, démontrent que nous sommes capables du meilleur après avoir vécu et tiré les leçons du pire. Quand la politique prend le pas sur
la guerre, quand le dialogue, l’écoute et le respect de l’autre permettent de panser les plaies de l’Histoire, alors tout devient plus simple pour les générations à venir sur le chemin de la concorde entre les peuples.
Toutes ces guerres. Tous ces conflits, passés, présents et malheureusement surement à venir, nous obligent à la raison et à l’impératif devoir de se souvenir plus fort que jamais de nos erreurs passées, de nos certitudes. Nous devons veiller à renforcer les liens qui unissent les citoyens aux valeurs qui fondent notre République, une et indivisible, et nos régimes démocratiques qui doivent le rester !
Dans cet objectif, nous ne pouvons que nous féliciter de voir aujourd’hui des jeunes Nogentais participer à cette cérémonie. Ils sont nos porteurs d’espoir. La mémoire doit être partagée entre toutes les générations. La partager, c’est une magnifique réponse à ceux qui veulent nous diviser et déchirer nos peuples, nos sociétés.

Les évènements que nous vivons aujourd’hui sont autant de perpétuels défis à relever. Ils sont importants dans leurs conséquences sur notre vie et le sera pour celles de nos descendants. Puisons nos forces dans l’exemple que nous ont transmis nos aînés, d’abord comme ceux de 14-18. Il nous faut du courage, un sens aigu des réalités et la nécessité d’avoir une vision ambitieuse et nouvelle de l’avenir tout en restant fidèles à nos valeurs aux principes républicains dans le cadre d’une démocratie républicaine libre fondée sur le socle de la fraternité, et de l’équité, du respect de l’autre et de l’humanisme. Liberté, égalité, fraternité… les deux premiers mots n’existeraient pas sans le troisième : la fraternité. Oui, nous devons avoir l’ambition de l’espoir car on ne gagne jamais à renoncer par manque de courage.
Nous avons de grandes difficultés à tirer les leçons du passé ! Ce combat sur nous-mêmes reste permanent. Basculer dans la haine de l’autre, dans la xénophobie, dans la dictature est facile mais destructeur pour les Hommes qui ont vécu la conquête de la liberté. La seule voie qui conduit à une paix durable.

Notre message en ce 11 novembre est donc le suivant : que les sacrifices et les combats de nos aînés et ceux des combattants d’autres conflits d’hier, d’aujourd’hui et de demain pour la liberté ne soient pas vains. C’est le meilleur hommage que nous puissions leur rendre. Nous vous faisons confiance Monsieur le Ministre pour apporter au sein du gouvernement la voie de la raison qui conduit à une paix durable. Je sais que vous faites partie des responsables politiques qui loin de la démagogie feront dans vos compétences une politique pragmatique et courageuse.

Discours maire de Siegburg

Discours du maire Stefan Rosemann lors de la cérémonie commémorative du

11 novembre 2025

Esplanade de la Légion d’Honneur

 

Monsieur Jacques Martin,
Mesdames, Messieurs,

Avant toute chose, permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude : merci de votre invitation !
C’est une bonne chose, dans ces temps difficiles, de rester épaule contre épaule, unis les uns aux autres.

Des temps difficiles, oui, marqués par la guerre sans fin en Ukraine,
par la guerre hybride que la Russie mène contre l’Union européenne,
et par le danger croissant qui menace la démocratie, car la confiance des citoyens des pays démocratiques envers leurs gouvernements démocratiques s’érode.

À ceux qui ne croient plus en la démocratie, nous disons :
Ce sont les démocraties qui ont chassé la guerre du continent européen et qui ont créé la prospérité.
Ce sont des démocrates qui ont tendu la main à leurs anciens ennemis, convaincus que deux valent mieux qu’un seul.
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer – ainsi que les générations qui leur ont succédé – ont compris qu’une rencontre fondée sur le respect mutuel, la reconnaissance réciproque et l’amitié d’égal à égal est bien plus féconde que les relations hiérarchiques du « supérieur » et de « l’inférieur ».

Mesdames, Messieurs,
La France entretient une mémoire très vivante de la Première Guerre mondiale – une mémoire que nous n’avons pas à ce degré en Allemagne. Chez nous, la Première Guerre mondiale est éclipsée par la Seconde.
À Siegburg, les traces de la Seconde Guerre mondiale sont omniprésentes, mais celles de la Première se découvrent presque par hasard.

On en trouve une dans notre école de musique, à quelques mètres seulement de l’hôtel de ville. Mille élèves y apprennent le violon, la guitare ou le piano. Une maison joyeuse, une maison qui résonne.
Mais, en montant à l’étage supérieur, dans la grande salle, on tombe soudain sur une plaque commémorative portant les noms des morts de la Première Guerre mondiale. Cela s’explique par l’histoire du bâtiment, construit en 1888.

À l’époque déjà, la maison servait à l’éducation : c’était un séminaire pour instituteurs.
La guerre de 14-18 a décimé les rangs. Les classes se vidaient à mesure que les jeunes hommes partaient au front, souvent pleins d’enthousiasme et de ferveur patriotique.
La plaque nous apprend que, parmi les 150 séminaristes partis entre 1914 et 1918, 60 sont morts.

En juillet 1920, on inaugura la plaque en leur honneur.
Nous savons, par les journaux de l’époque, comment s’est déroulée la cérémonie :
un office religieux, des roses déposées, des poèmes récités, et la musique – la marche funèbre de Chopin.
Il suffit de quelques mesures pour reconnaître ce morceau, même sans être amateur de musique classique : il parle de la mort.

La musique a ce pouvoir unique d’exprimer, de porter et d’amplifier les émotions.
On peut imaginer ce qu’elle a suscité, en 1920, chez les parents endeuillés, qui avaient envoyé leurs fils au séminaire avec l’espoir d’un avenir meilleur.
Cette cérémonie symbolise l’Allemagne blessée, exsangue, au sortir de la guerre.
La marche funèbre est la bande sonore du drame qui ne s’est pas arrêté en 1918.

Son compositeur, Frédéric Chopin, avait un père français et une mère polonaise.
Il a grandi en Pologne, connu Vienne et Berlin, puis vécu à Paris, où il est mort.
Il s’inspira du folklore polonais, de Bach et de Bellini.
Un génie européen – mais aussi un Européen ballotté par l’histoire européenne.

On ne peut pas reprocher aux enfants de notre école de musique, qui passent aujourd’hui devant cette plaque, de ne pas ressentir la même émotion.
Pour eux, la Première Guerre mondiale est infiniment lointaine.
Ils ont la chance de grandir en paix, sans porter l’ombre du deuil d’un proche tombé au combat.
Ils doivent cette insouciance au grand projet européen de paix construit depuis 75 ans.

Je me suis demandé si la marche funèbre de Chopin était souvent jouée lors des funérailles des anciens combattants de la Grande Guerre. En cherchant sur Internet, je suis tombé sur une cérémonie de 2008 :
à Paris, avec les honneurs militaires, on enterrait Lazare Ponticelli, le dernier vétéran français de la Première Guerre mondiale, mort à l’âge incroyable de 110 ans.

Sur la vidéo de la cérémonie aux Invalides, on découvre que la musique de Chopin n’y résonne plus comme en 1920 à Siegburg.
En 2008, elle exprimait le respect, l’admiration pour une vie d’une force inouïe, un hommage collectif à un homme dont même le mot « vie séculaire » paraît trop faible.

Lazare Ponticelli était né en Italie – comme beaucoup d’habitants de Nogent ont des racines italiennes.
Il combattit pendant la Première Guerre mondiale pour deux pays : la Légion étrangère française et l’armée italienne alliée.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, devenu citoyen français, il rejoignit la Résistance contre les nazis.

Ponticelli, lui, a survécu au carnage de 14-18, contrairement aux soixante jeunes séminaristes de Siegburg.
Quand les armes se sont tues, en 1918, il a ressenti une émotion à l’opposé de la marche funèbre : le bonheur.
Un bonheur inouï d’avoir échappé à la mort.
Et, disait-il dans des entretiens, les soldats autrichiens en face ressentaient la même chose.
Chacun se demandait : « Pourquoi avons-nous combattu les uns contre les autres ? »

Chers amis,
Lazare Ponticelli a vécu une vie d’une longueur biblique.
Mais la relation entre Nogent-sur-Marne et Siegburg est elle aussi devenue riche d’expérience.
Depuis 1964, notre jumelage a 61 ans – presque l’âge de la retraite !
Mais cela ne signifie pas – et ne doit surtout pas signifier – que nous allons nous reposer.

La plaque commémorative de notre école de musique m’a convaincu d’une chose :
Les partenariats actifs entre nos villes sont la meilleure assurance contre les guerres de demain.
C’est pourquoi je m’efforce de tout faire pour que la jeunesse de nos deux cités s’engage dans cette amitié, la fasse sienne, la façonne à son image.

J’ai été très heureux de voir que, en septembre dernier, deux groupes de jeunes de Siegburg se sont rendus, de leur propre initiative, au week-end de Nogent Baltard – simplement parce qu’ils le voulaient, parce que cela comptait pour eux.

Pourquoi, dès lors, ne pas inviter les élèves de notre école de musique à participer au prochain voyage citoyen à Nogent, et à y rencontrer de jeunes musiciens français ?
Je sais déjà quel projet pourrait nous réunir :
l’interprétation commune de l’« Ode à la joie » de Beethoven.

Je vous remercie de votre attention.

Rede von Bürgermeister Stefan Rosemann zur Gedenkzeremonie am

  1. November 2025

Esplanade de la Légion d’Honneur

 

Sehr geehrter Jacques Martin,

sehr geehrte Damen und Herren!

Meinen Worten vorweg schicke ich einen Dank, der aus tiefsten Herzen kommt: Danke für die Einladung!

Es ist gut, dass wir in schwierigen Zeiten Schulter an Schulter zusammenstehen.

In Zeiten des nicht enden wollenden Kriegs in der Ukraine.

In Zeiten des sich entwickelnden hybriden Krieges, den Russland gegen die EU führt.

In Zeiten, in denen die Demokratie in ernster Gefahr ist, weil das Vertrauen der Bevölkerungen in demokratischen Ländern in demokratische Regierungen schwindet.

Denen, die nicht mehr an die Demokratie glauben, rufen wir zu: Es waren Demokratien, die den Krieg aus Europa verbannten und Wohlstand schufen. Es waren Demokraten, die aufeinander zu gingen und sich in dem Glauben die Hand reichten, dass zwei stärker sind als einer. Charles de Gaulle und Konrad Adenauer sowie die Generationen nach ihnen bis in unsere Zeit waren so klug zu wissen, dass gegenseitige Achtung, Respekt und eine freundschaftliche Begegnung auf Augenhöhe viel mehr nutzt als das Denken in hierarchischen Beziehungskategorien des Darüber und Darunter!

Meine Damen und Herren, eine so ausgeprägte Erinnerungskultur an den Ersten Weltkrieg, wie sie sie in Frankreich pflegen, gibt es in Deutschland nicht. Bei uns wird der Erste vom Zweiten Weltkrieg überlagert. Auf den Zweiten Weltkrieg stößt man schnell in Siegburg, den Ersten muss man suchen oder stolpert eher zufällig darüber.

Man findet ihn zum Beispiel in unserer Musikschule, nur ein paar Meter vom Siegburger Rathaus entfernt. An ihr werden 1.000 Schülerinnen und Schüler an Geige, Gitarre und Klavier unterrichtet. Ein fröhliches, ein klingendes Haus.

Geht man hoch in den obersten Stock zur Aula, blickt man völlig unvermittelt auf eine Tafel mit Namen von Toten aus dem Ersten Weltkrieg. Das liegt an der Geschichte des Gebäudes, das schon 1888 errichtet wurde.

Auch vor knapp 140 Jahren diente das Haus Bildungsstätte. Es war ein Lehrerseminar. Hier wurden junge Männer zu Volkschullehrern ausgebildet. Der Erste Weltkrieg lichtete die Reihen. Nach und nach wurden die Seminarklassen kleiner, weil die Männer an der Front standen. Viele hatten sich freiwillig und euphorisch gemeldet. Die Tafel, von der ich sprach, beschreibt, dass von 150 Seminaristen, die zwischen 1914 und 1918 zur Armee gingen, 60 starben.

Nach dem Krieg, im Juli 1920, brachte man ihnen zu Ehren die Tafel an der Wand an. Über Zeitungsartikel wissen wir, wie es bei der Gedenkfeier zuging. Ein Gottesdienst wurde abgehalten, Rosen niedergelegt, Gedichte rezitiert. Musik erklang: Chopins Trauermarsch – eine der bekanntesten Melodien bei dunklen Anlässen. Bis heute braucht man nur ein paar Takte zu hören und weiß selbst als jemand, der der klassischen Musik fernsteht, dass es um den Tod geht.

Musik hat die Eigenschaft, Gefühle aufzunehmen, zu tragen und zu verstärken. Das war 1920 bei der Trauerfeier für die gefallene Generation im Lehrerseminar bestimmt zu beobachten. Mütter und Väter, die ihre Söhne mit den größten Hoffnungen auf einen sozialen Aufstieg ins Seminar geschickt hatten, trockneten ihre Tränen angesichts des herben Verlusts. Die Gedenkstunde ist ein Symbolbild für das geschlagene, ausgeblutete Deutschland. Der Trauermarsch ist der Soundtrack zum Drama, das mit dem Kriegsende 1918 lange nicht vorbei war.

Der Komponist des weltbewegenden Stückes, Frederic Chopin, hatte einen französischen Vater und eine polnische Mutter. Er wuchs in Polen auf, kannte Wien und Berlin, lebte später in Paris, wo er verstarb. Er orientierte sich an der polnischen Volksmusik, an Bach und Bellini. Ein europäisches Genie, aber auch ein Europäer, den die europäische Geschichte vor sich hertrieb.

Man kann den Kindern unserer Musikschule, die heute an der Plakette für die Toten vorbeilaufen, keinen Vorwurf machen. Der Erste Weltkrieg ist für sie unendlich weit weg. Sie dürfen wie ihre Eltern und Großeltern im Frieden aufwachsen und müssen nicht mit dem Schatten leben, den der Soldatentod eines nahen Angehörigen auf die Familie wirft. Sie verdanken diese Sorglosigkeit dem großartigen europäischen Friedensprojekt der letzten 75 Jahre.

Mich hat interessiert, ob Chopins Trauermarsch im Zusammenhang mit dem Ersten Weltkrieg eine gängige Begleitung bei Begräbniszeremonien war. Holt man im Internet Erkundigungen ein, gelangt man sehr schnell ins Jahr 2008.

Mit militärischen Ehren wurde in Paris Lazare Poticelli zu Grave getragen. Er war der letzte französische Veteran des Ersten Weltkriegs und starb im schier unglaublichen Alter von 110 Jahren. Sieht man sich auf Youtube das Video der Feier am Invalidendom an, ist man erstaunt darüber, dass Chopins Musik auf einmal ganz anders wirkt als 1920 in Siegburg.

Der Trauermarsch drückte 2008 Ehrfrucht vor der unglaublichen Lebensleistung von Lazare Poticelli aus, vor seinem unerschütterlichen Lebensmut. Die Musik wurde zur kollektiven Verbeugung vor einer Existenz, für die selbst der Begriff „Jahrhundertleben“ zu gering erscheint.

Lazare Poticelli kam ursprünglich aus Italien – ganz so wie viele Bürgerinnen und Bürger in Nogent Wurzeln in Italien haben. Er kämpfte im Ersten Weltkrieg für zwei Länder, für die französische Fremdenlegion und für die verbündete italienische Armee. Im Zweiten Weltkrieg, nun als französischer Staatsbürger, kämpfte er im Untergrund gegen die Nazibesatzer.

Poticelli hat anders als die 60 gefallenen jungen Männer aus Siegburg das Gemetzel des Ersten Weltkriegs überlebt. Als 1918 die Waffen schwiegen, da überfiel ihn ein Gefühl, dass dem Trauermarsch diametral entgegenstand. Er fühlte Glück. Nicht zu fassendes Glück, dem Tod entkommen zu sein. Und genauso, das verriet er zu Lebzeiten in Interviews, sei es den Österreichern gegangen, die ihm mit ihren Gewehren gegenüberlagen. Man stellte sich auf beiden Seiten die Frage: „Warum haben wir überhaupt gegeneinander gekämpft?“

Liebe Freunde: Lazare Poticelli hatte ein biblisch langes Leben. Aber auch die Beziehungen zwischen Nogent-sur-Marne und Siegburg sind mittlerweile reich an Erfahrung. Wir haben uns 1964 verschwistert und mit 61 Jahren fast schon Rentenalter erreicht, was nicht heißen soll – was nicht heißen darf! -, dass wir uns zur Ruhe setzen.

Mich hat die Betrachtung der Tafel für die Toten in der Musikschule in dem Glauben bestärkt, das aktive Städtepartnerschaften in der Gegenwart die beste Versicherung gegen Kriege der Zukunft sind. Deshalb setzte ich alles daran, dass die Jugend in beiden Städten in unsere Partnerschaft einsteigt, sie übernimmt und nach ihrem Willen und Geschmack formt. Ich habe mich sehr gefreut, dass im September zwei Gruppen von jungen Leuten aus Siegburg unabhängig von einer offiziellen stätischen Aufforderung oder Initiative zum „Nogent Baltard“-Wochenende aufgebrochen sind. Aus dem einfachen Grund, weil sie es wollten und es ihnen wichtig war.

Warum sollten nicht die Schüler der Musikschule an der nächste Bürgerfahrt nach Nogent teilnehmen und sich mit gleichgesinnten jungen Musikerinnen und Musikern treffen? Ich weiß auch schon, was sich als Kooperationsaufgabe anbietet: Das gemeinsame Einstudieren von Beethovens „Ode an die Freude“.

Vielen Dank für Ihre Aufmerksamkeit!

 

Texte lu par les élèves du collège Watteau

Dulce Et Decorum Est

 

Pliés en deux, tels de vieux mendiants sous leur sac,
Harpies cagneuses et crachotantes, à coups de jurons
Nous pataugions dans la gadoue, hors des obsédants éclairs,
Et pesamment clopinions vers notre lointain repos.
On marche en dormant. Beaucoup ont perdu leurs bottes
Et s’en vont, boiteux chaussés de sang, estropiés, aveugles ;
Ivres de fatigue, sourds même aux hululements estompés
Des Cinq-Neuf distancés qui s’abattent vers l’arrière[N 1].

Le gaz ! Le gaz ! Vite, les gars ! Effarés et à tâtons
Coiffant juste à temps les casques malaisés ;
Mais quelqu’un hurle encore et trébuche
Et s’effondre, se débattant, comme enlisé dans le feu ou la chaux…
Vaguement, par les vitres embuées, l’épaisse lumière verte,
Comme sous un océan de vert, je le vis se noyer.

Dans tous mes rêves, sous mes yeux impuissants,
Il plonge vers moi, se vide à flots, s’étouffe, il se noie.

Qu’en des rêves suffocants vos pas à vous aussi
Suivent le fourgon où nous l’avons jeté,
Que votre regard croise ces yeux blancs convulsés,
Cette face qui pend, comme d’un démon écœuré de péché ;
Que votre oreille à chaque cahot capte ces gargouillis
De sang jaillissant des poumons rongés d’écume,
Ce cancer obscène, ce rebut d’amertume tel, immonde,
L’ulcère à jamais corrompant la langue innocente, —
Ami, avec ce bel entrain plus ne direz
Aux enfants brûlant de gloire désespérée,
Ce Mensonge de toujours : Dulce et decorum est
Pro patria mori[N 2].