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« Pourquoi je suis opposé à la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) »

Publié le 12 avril 2019

Communiqué de Jacques J.P. Martin, maire de Nogent-sur-Marne, président de ParisEstMarneBois

Nogent-sur-Marne, le 11 avril 2019

Pourquoi je suis opposé à la privatisation d’ADP

Je ne suis pas systématiquement opposé à la privatisation de certains services publics (sous conditions) mais je suis totalement opposé à la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP) de par la nature même de ces équipements stratégiques.

Il s’agit de la gestion et du fonctionnement d’aéroports internationaux qui sont des plaques tournantes et des portes d’entrée dans notre pays. Nous ne pouvons pas nous permettre de les remettre dans les mains de tiers.

D’abord, personne ne peut savoir qui va répondre à l’offre publique d’achat ? Est-ce que l’État aura l’entière liberté de choix ? Même si c’est un groupe français qui l’emporte, rien n’interdit de penser que le risque d’un rachat ultérieur dans les 60 années à venir n’entraîne l’arrivée de Fonds étrangers. Récemment, ce sont des chinois qui ont acquis l’aéroport de Toulouse, une affaire qui est en appel auprès des tribunaux.

La privatisation telle qu’elle est prévue s’appuie sur une durée de 60 ans, les actifs et le foncier revenant à l’État à l’issue du contrat. Mais 60 ans, c’est long ! Que deviendront entre temps les équilibres politiques mondiaux et la liberté de l’État face à de nouveaux choix stratégiques ? Nous venons amèrement de voir ce qui est arrivé dans les accords Air France/KLM et Renault /Nissan…

Je ne comprends pas pourquoi l’État ne souhaite pas garder la propriété foncière. Je suis d’accord avec ceux qui déclarent que ça n’est pas à l’État de gérer les boutiques de luxe et les restaurants des aéroports d’ADP, mais de là à tout privatiser, il y a des choix intermédiaires. L’État pourrait concéder la partie commerces sous forme de concession ou de délégation de service public, ce qui bien sur ferait rentrer moins d’argent, mais serait plus en adéquation avec la nécessité de préserver la dimension stratégique nationale et internationale, au regard de l’aspect fluctuant de la géopolitique planétaire.

En matière d’innovation, de savoir-faire, ADP s’est souvent positionné en leader, ses compétences étant recherchées par bien des pays et leurs capitales en Europe et dans le monde. Ce serait une erreur de se séparer d’une telle valeur à l’exportation.

En tant qu’élu du Val-de-Marne, je ne peux aussi que m’inquiéter pour l’avenir de l’aéroport d’Orly. Orly a réussi à prendre une place importante aux plans national et international. Il porte les ambitions du Grand Paris tout en respectant les habitants des villes riveraines avec un couvre-feu journalier. Qu’en serait-t-il sous une gestion privée ? Nous avons le devoir de nous interroger et d’être vigilants pour maintenir un équilibre entre les équipements nécessaires à la vie d’une métropole performante et le respect des conditions de vie des riverains aujourd’hui et à l’avenir.

Après le ratage de la privatisation des autoroutes, qui a démontré la légèreté et l’inconscience de l’État face aux devoirs du futur partenaire, notamment en matière d’investissement, ne nous dirigeons pas vers une autre erreur !