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18/06/2024 > Ce jour est celui des héros
A nous de nous montrer dignes. L’Histoire nous regarde.
84ème anniversaire du 18 juin 1940
54ème anniversaire de la mort du Général De Gaulle
Allocution de Jacques J.P. MARTIN
Maire de Nogent-sur-Marne, 1er Vice-Président du territoire ParisEstMarne&Bois
Monsieur le Sous-Préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les Anciens Combattants,
Chères amies, (chers amis),
Tout d’abord je tiens à vous remercier pour votre présence parmi nous aujourd’hui pour l’hommage que nous rendons tous les ans au Général de Gaulle.
Vous le savez, pour les fidèles dont vous êtes et dont je suis – en tant que fils d’un père qui s’était engagé dans la France Libre en rejoignant le Général de Gaulle en Angleterre – il était impensable que nous ne soyons pas présents à un moment de notre histoire où la France, et d’abord les Français, doutent du chemin à prendre pour un avenir commun, digne de notre héritage.
Le 18 juin fait partie de ces dates qui marquent notre Histoire, qui sont un repère, un symbole, un marqueur d’un passé glorieux comme les Français savent le faire. Des dates qui voient disparaître des empires ou naître des Nations. Des dates qui précédent le déclin ou au contraire suscitent l’espoir. Des dates, enfin, qui préfigurent un tournant de notre histoire collective.
Cette date nous rappelle qui nous sommes et d’où nous venons, nous Français. Dans le climat politique actuel, permettez-moi de vous dire que nous en avons bien besoin…
Il y a 84 ans, Charles de Gaulle était le seul capable au micro de la BBC de Londres, à pouvoir prononcer un appel dont nul ne pouvait alors prédire ni l’impact ni le poids historique.
L’état-major français avait pris de haut le mémorandum qu’il leur avait adressé quelques mois auparavant, et dans lequel il appelait à tirer les leçons de la campagne de Pologne de septembre 1939 et demandait à l’armée de revoir sa doctrine sur l’utilisation des chars de combat.
Lui, le militaire, remettait directement en cause les choix du Haut Commandement français et réaffirmait l’importance d’une stratégie offensive fondée sur l’usage de divisions blindées. Mais malheureusement cette vision était aux antipodes de l’attitude défensive du commandement de l’armée française d’alors, qui se croyait bien à l’abri derrière la ligne Maginot.
Son alerte ne fut pas entendue et, quelques mois plus tard, la catastrophe arriva.
L’armée française fut balayée en quelques semaines par les divisons allemandes et leur Blitzkrieg mécanisée.
Triste ironie de l’Histoire, c’est ce même De GAULLE, alors Colonel, à la tête d’une division blindée constituée en toute hâte, qui parviendra à contenir la Wehrmacht lors de la bataille de Montcornet.
Cette bataille fut l’un des rares moments de la campagne de France où l’armée Française est parvenue à repousser les troupes allemandes. Mais ces quelques heures de répit étaient trop peu de choses face au rouleau compresseur germanique qui contourna la ligne Maginot. Le 14 juin, les bottes nazies arpentaient fièrement l’avenue des Champs-Elysées et passaient sous l’Arc de Triomphe.
L’Histoire aurait pu s’arrêter là. C’est d’ailleurs ce que pensait toute une partie de l’opinion, résignée trop vite.
Le 17 juin, le maréchal Pétain annonçait la capitulation de la France et appelait notre peuple à baisser les bras, à s’incliner devant la puissance ennemie, soi-disant par précaution et pour sauver la France.
Mais le lendemain, Charles de GAULLE, qui n’avait alors « ni territoire, ni troupes, ni cadres, ni argent, ni organisation » comme il le dira lui-même dans ses mémoires, a décidé de répondre à PÉTAIN en faisant entendre une autre voix, un autre choix : un espoir digne de notre Nation, venu du fond de notre Histoire, un autre appel, celui de la résistance, celui de dire NON, RIEN N’EST PERDU !
A l’humiliation, il a répondu la fierté et l’honneur.
Au désespoir, il a répondu le courage et l’espoir.
A l’asservissement et à une collaboration honteuse, il a répondu « dignité, rassemblement, fraternité et résistance ».
Si, le 18 juin, le Général de Gaulle ne sera entendu que par une poignée de Français, l’écho du message qu’il venait de délivrer allait se propager rapidement dans tout le pays et réveillera l’âme de la France.
Oui, ce 18 juin est une date à part dans notre Histoire nationale. Nous ne célébrons ni une victoire, ni une défaite. Nous célébrons un sursaut, une renaissance, une volonté face à l’adversité.
Par ses mots, le Général de Gaulle a préservé la France d’un possible déshonneur indélébile. Notre pays, défait militairement était sur le point de s’engager dans une collaboration honteuse avec l’occupant. Charles de Gaulle, lui, a dit non.
Non à l’armistice dégradant,
Non à la résignation,
Non à la collaboration,
Non à la soumission.
Non au déshonneur entachant l’image de la glorieuse histoire du peuple français.
En ce 18 juin 1940, lorsque Charles de Gaulle ferme le micro de la BBC après avoir lancé son Appel, il le sait, il le sent, il n’est plus seul. Il est devenu le premier des résistants. Le premier combattant d’une lutte contre le nazisme, contre le défaitisme et pour la liberté. Le combat qu’il nous proposait ne faisait que commencer.
Pour reprendre les mots d’André MALRAUX, l’appel du 18 juin a « délivré la France de son propre abandon » et lui a permis « de ne pas mourir ».
L’Appel du 18 juin est le point de départ d’une autre guerre. Une guerre pour libérer le territoire national certes, mais aussi et surtout une guerre pour sauvegarder l’honneur et l’âme de la France sur tous les continents.
C’est cet Appel qui conduira à l’intensification dans l’ombre des actions de la résistance ainsi qu’à l’unification progressive de ses différents mouvements, y compris dans la France d’outre-mer qui répond également présent.
C’est son écho qui résonnera au cœur des maquis qui se structureront dans nos forêts et montagnes, des Glières jusqu’au Vercors.
C’est sa flamme qui brûlera dans le cœur des soldats qui prêteront serment dans les sables brulants de Koufra, et les transportera de Bir Hakeim à El Alamein, jusqu’au débarquement en Provence puis aux pieds de la Cathédrale de Strasbourg jusqu’au dans le nid d’aigle d’Hitler et du nazisme.
Aujourd’hui, avec vous, je veux réaffirmer mon profond respect et toute mon admiration pour celles et ceux qui, ayant entendu cet appel ont agi en conséquence, allant parfois jusqu’au sacrifice suprême. Les stèles du cimetière de Nogent témoignent d’un total engagement de celles et ceux tombés au champ d’honneur.
Ces hommes et ces femmes, de toutes conditions, de toutes familles de pensées ont su s’unir derrière le Général de Gaulle. Ils ont permis à la France de prendre toute sa part à la Victoire sur l’Allemagne Nazie.
Jean Moulin, bien sûr. Le préfet ordinaire qui allait devenir auprès du général de Gaulle l’organisateur des réseaux de résistance et du Conseil national de la Résistance, ce qui fera de lui un héros. Le jour où il entra au panthéon, c’est toute la France qui a fait le choix de l’honneur en l’accompagnant, lui le résistant, lui le visionnaire qui reste l’incarnation du stratège de l’impossible et dont la fin atroce renforça l’aura légendaire, lui le préfet en disponibilité qui, dans l’ombre a fait jaillir la lueur de l’espoir.
A Nogent, en août 1944, ils sont également nombreux à être tombés pour libérer notre ville et que vive la France : Lucien BELLIVIER, Raymond BRULANT, Georges CARLIERE, Raymond JOSSERAND, Jean MALOBERTI, André OHRESSER, Albert PISSARD et Georges AUDINET.
Ce jour est également le leur. Ce jour est celui des héros.
Ce 18 juin est donc bien plus qu’une date, c’est un véritable marqueur pour nous, Français, car il ne se limite pas à la seule période de la guerre mais se prolonge bien au-delà, par la refondation et l’affirmation d’un modèle de société, de liberté et de justice dont nous sommes aujourd’hui les héritiers.
En ce jour de souvenir, il ne faut donc pas nous contenter de célébrer la mémoire de ceux qui ont sauvé notre pays, au premier rang desquels le Général de Gaulle et les résistants. Non. Il faut nous servir de leur exemple pour défendre une certaine idée de la France républicaine, emprunte d’humanisme, de progrès et de liberté.
Je suis outré devant le spectacle consternant auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.
Face à la montée des extrémismes de tous bords, du populisme, des communautarismes… il ne doit plus être question de tactiques politiciennes, de combines ou d’alliances opportunistes pour se faire élire.
Non. La seule question que nous devons nous poser, c’est celle du courage et de la responsabilité. Voulons-nous vivre dans un pays libre et ouvert ? Voulons-nous mettre un terme à cette course folle vers l’abîme dans laquelle notre pays s’engouffre malgré nous ?
C’est une question de salut public. Aujourd’hui, le choix n’a peut-être jamais été aussi clair : les démocrates ou les populistes ! Un choix auquel nous avons déjà été confronté par le passé. Un choix auquel le Général de Gaulle a répondu avec courage et lucidité.
Il a su faire son choix. Un choix devenu le nôtre. Un choix que nous commémorons aujourd’hui.
A nous de nous en montrer dignes tout en le revivant aujourd’hui. L’Histoire nous regarde.
Je vous remercie.