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Femmes de sciences > Une Nogentaise distinguée  

Publié le 31 janvier 2024

Rencontre avec la Nogentaise Louise Denis, jeune docteure en physique, qui révolutionne l’imagerie médicale. Elle vient de recevoir le Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science.

© Nicolas Gouhier

« Ça me fait plaisir cette interview. C’est un retour aux sources ». Louise Denis, 26 ans, connaît bien Nogent. Aujourd’hui parisienne, elle y a passé toute sa jeunesse. Elle évoque avec beaucoup de plaisir l’école Pierre et Marie Curie (aujourd’hui remplacée par le groupe scolaire Léonard de Vinci) et le collège-lycée Édouard Branly. En section scientifique, évidemment ! Elle entame ensuite une première année de médecine à Paris. « Mais ce que je voulais, c’est aider le monde médical grâce à la physique. J’ai vite bifurqué en école d’ingénieur » explique-t-elle. Un choix qui lui vaut aujourd’hui d’être récompensée pour ses découvertes en imagerie médicale.

Avec l’échographie super résolue* qu’elle a contribué à mettre au point, elle peut observer des microstructures vasculaires qui n’avaient jamais pu être interprétées sur du vivant. Ce qui permet d’améliorer le traitement des AVC, voire de les anticiper. En plus, cette échographie pourrait être réalisée directement dans l’ambulance. Et dans les cas d’AVC, chaque seconde compte. « La portée est énorme. C’est une révolution. Ça ira très vite ».

« J’apprécie particulièrement la remise en question perpétuelle, propre au chercheur. Cette place au doute est une approche assez rare dans notre société, et c’est ce qui fait la beauté de notre métier »

UN PRIX EXCEPTIONNEL

© Clemence Losfeld

Récompenser des chercheuses brillantes et engagées pour inspirer les jeunes filles : tel est l’objectif de ce prix créé voici 17 ans. Au-delà de la reconnaissance, une dotation de 15 000 € permet de poursuivre les recherches. Pour Louise, il s’agira de finaliser l’échographie en 3 dimensions, là où elle se fait aujourd’hui en 2D.

« Ce prix me donne le temps nécessaire pour commencer les études sur des patients victimes d’AVC, de problèmes rénaux ou de tumeurs, une autre application de l’échographie super résolue. Je travaille avec deux grands hôpitaux publics, Bichat pour la partie neurologie et Necker pour les tumeurs rénales » précise-t-elle. Transmettre et me rendre utile sont des valeurs qui m’ont été inculquées très tôt par ma famille, majoritairement composée de scientifiques et de professeurs ».

PIONNIÈRE

« Je suis ravie d’être considérée comme un exemple des femmes de sciences. Il est difficile de trouver sa place dans un milieu majoritairement masculin et j’ai vu décroître le nombre de mes camarades féminines au fur et à mesure de mes études » déplore-t-elle.

L’attribution du prix Nobel de physique à une chercheuse – française qui plus est – a eu très peu de retentissement cet automne, alors que seulement 5% des femmes l’ont reçu depuis sa création en 1901. C’est dommage. Les carrières scientifiques ne doivent pas rester l’apanage des hommes. Louise Denis est bien déterminée à faire passer le message. « L’impact de la prédominance masculine est regrettable. La diversité est indispensable pour que la science soit objective. Il faut que les jeunes filles se projettent dans les carrières scientifiques, qu’elles se disent j’en suis capable aussi ».

*Technique qui utilise des microbulles de gaz injectées dans le sang pour cartographier le réseau microvasculaire