Art vivant > Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), peintre de la vertu bourgeoise
Par Martine Manfre-Itzinger, conférencier national.
Jean-Baptiste Greuze était un conteur né et un virtuose de la parabole moderne en peinture.
Après son succès initial au Salon, il s’attira un large public, sensible à ses réflexions sur les complexités morales du quotidien moderne.
Ses œuvres, qui avaient leurs prédécesseurs dans la peinture hollandaise et flamande du XVIIe siècle, reflétaient les thèmes et le souci du détail des « sujets moraux modernes » à l’instar du peintre anglais du XVIIIe siècle, William Hogarth.
Mais son style pictural demeure profondément personnel. Ses tableaux de genre domestique et moraliste apportent une touche de nouveauté à l’art français du XVIIIe siècle et sont largement considérés comme un genre à part entière.
Ses portraits, souvent axés sur des représentations subtilement sensuelles de jeunes femmes à la peau blanche et pâle délicatement rendue et aux expressions émotionnellement contemplatives, représentent cette approche nouvelle, quoique controversée, du portrait, qui se perpétue dans l’œuvre de ses élèves et associés de la génération suivante, majoritairement féminins, dont Élisabeth Vigée Le Brun.
Lassé de galanteries mythologiques, de nudités friponnes et de tableautins galants, le peintre se mettait en quête de modèles, d’inspirations dans le Paris où il glanait ses observations, cherchant par ses croquis dans la rue, les faubourgs, les marchés, sur les quais, en plein peuple, ses idées.
Avec empathie, l’artiste questionne la place de l’enfant au sein de la société du XVIIIe siècle, son devenir, son émancipation. Il se fait le miroir des grands enjeux de son époque. Il interroge aussi le basculement dans l’âge adulte et la naissance du sentiment amoureux.
Si le rococo est représentatif du libertinage aristocratique d’un monde qui disparaît, la peinture de Greuze est celle des vertus bourgeoises d’un monde nouveau en train de naître.
MARDI 21 OCTOBRE À 20H30



