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Iran : femme, vie, liberté > le maire prend la parole au conseil municipal

Publié le 12 octobre 2022

Au cours de la dernière séance publique du conseil municipal, le 4 octobre, monsieur le maire a souhaité faire la communication suivante sur « L’Iran : femme, vie, liberté ».

Quand on joue les aveugles et quand on ne veut pas entendre les choses désagréables, on vit tranquillement et on ne s’aperçoit pas, qu’actuellement, il y a un combat qui se mène dans un certain pays, un combat que les femmes mènent pour être vraiment libres de leurs mouvements et libres de leurs décisions.

Je pense qu’on est revenu dans le Moyen Âge le plus arriéré et le plus obscur. Et je pense, comme d’autres de mes collègues, qu’il est opportun que nous commencions ce conseil en pensant justement à ce qui se passe en Iran.

Ici, nous travaillons sur la place de la femme dans la société. Cela a toujours été un combat permanent, même s’il y a eu de grandes avancées dans les pays démocratiques, et le nôtre en particulier. Mais ce qui se passe en Iran est particulièrement grave, parce qu’il y a mort de personnes pour un rien. Vous avez trois mèches de cheveux qui dépassent d’un foulard, et vous êtes coupable.

Le conseil municipal de Nogent ne reste pas sourd à ce qui se passe dans ce pays-là. Il est bon qu’apparaisse dans le compte-rendu de cette séance que les élus ont pris acte de ce qui se passe en Iran, et soutiennent le combat des femmes iraniennes.

Présentation en hommage aux femmes iraniennes (pdf-9 Mo)


Ce que vous avez vu et entendu, c’est à la fois un chant, mais aussi une vidéo qui a fait le tour du monde. À Sari, dans le nord de l’Iran, une femme a ôté son hijab et libéré ses longs cheveux bruns. Elle danse et tournoie sur elle-même avant de jeter le morceau de tissu au feu sous les applaudissements de la foule en liesse, bientôt suivie par d’autres femmes. Depuis deux semaines, la révolte gronde en Iran. Le 16 septembre, la mort de Masha Amini, 22 ans, arrêtée par la police des mœurs pour port de vêtement inapproprié, a mis le feu aux poudres.

Si les Iraniennes ont conservé le droit de vote et le droit à l’éducation, en 2016, 81 % des femmes étaient alphabétisées. Elles vivent sous la tutelle des hommes, pères et maris, et subissent des discriminations en matière de mariage, d’emploi et de succession. Depuis l’élection en juin 2021 de l’ultra conservateur Ebrahim Raïsi, elles ont vu se durcir encore les conditions d’accès à la contraception, le contrôle de leurs tenues est devenu plus strict, et le mariage des petites filles a été autorisé dès l’âge de 10 ans.

Le vendredi 16 septembre, les femmes sont descendues dans la rue parce qu’un point de non-retour avait été atteint. « Nous ne pouvons plus supporter la haine dont nous faisons l’objet », déclare l’une d’entre elles. Mais déjà leur révolte est devenue celle de tout un peuple, des quartiers cossus de Téhéran aux bourgades de province. Toutes les générations sont confondues dans cette révolte. « Mort à la République islamique » est clamé dans tous les rassemblements. C’est un slogan qui revient, alors que le régime réprime ces manifestations dans le sang. Plus de 90 personnes ont été tuées au cours des dix derniers jours, selon l’ONG Iran Human Rights. Saluons le courage de ces femmes qui, au risque de leurs vies, sont descendues dans la rue défendre leurs droits et la liberté.

C’est le message que je voulais lire devant vous, message qui est celui d’une journaliste qui a relaté pour le monde entier ce qui se passait dans son propre pays. Nous devons avoir une pensée pour ces combattantes. Vous voyez, la guerre est aux portes de l’Europe – une mauvaise guerre et une guerre difficile à qualifier – entre la Russie et l’Ukraine. Et pendant ce temps-là, des femmes sont dans la situation d’être mariées à l’âge de dix ans et tuées parce qu’une mèche de cheveux dépasse du foulard. C’est quelque chose qui doit nous toucher, nous concerner et nous mobiliser le moment venu pour que nos responsables politiques, là où ils siègent – je pense à l’ONU ou dans d’autres secteurs – parlent et disent les choses comme on devrait les dire. Ça n’est pas parce qu’on a des intérêts économiques qu’on doit se taire sur le plan de l’humanisme, de l’humanité et des droits de l’Homme.
Par conséquent, je voulais le proposer aujourd’hui à chacune et à chacun d’entre vous. Bien entendu, nous ne voterons pas. Mais il fallait que je puisse vous rappeler quelle était l’ambiance dans ce pays. C’est assez surprenant d’ailleurs de voir que, comme je le disais tout à l’heure, 81 % des femmes sont alphabétisées, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de pays de la même région. Quand on commence à lâcher cette liberté, qui est celle du savoir, il faut s’attendre à ce que l’émancipation suive. L’un ne va pas sans l’autre.
Je vous remercie d’avoir écouté ce message des femmes iraniennes, et j’espère que leur révolte, comme cela est écrit en Iran, résonnera dans beaucoup de pays et auprès d’hommes politiques qui décideraient de ne pas être comme les autres et de faire monter la réprobation internationale face à ce qui se passe dans ce pays.

Je crois fermement que des soutiens comme le notre peuvent faire bouger une situation dramatique.

Jacques J.P. Martin,
maire

Le 4 octobre 2022

Allo le monde, ici le peuple iranien